Ces dernières années, de nombreux chercheurs ont prouvé que les poissons sont dotés d’une sensibilité
« Ramasser des oiseaux sauvages dans un filet et les noyer lentement, en les plongeant dans l’eau, semble difficilement acceptable et pourtant c’est lʹéquivalent de la pêche commerciale. Que dirait‐on aussi d’une industrie qui installerait verticalement des filets mesurant des dizaines de mètres de hauteur et sʹétendant à travers champs et forêts, dans le but dʹaccrocher au passage tous les oiseaux sauvages, migrateurs ou autres, et les laisserait mourir là ? Ce nʹest pas parce que cette pratique a lieu sous les mers qu’elle devient acceptable.” Albert Simon (1920-2013).
Les poissons vivent dans l’eau et ressemblent moins aux humains que d’autres animaux, pour cette raison il n’est pas facile de s’identifier à eux et imaginer ce qu’ils éprouvent. Mais ces dernières années, de nombreux chercheurs ont prouvé que les poissons sont dotés d’une sensibilité.
Même le mythe de la mémoire de trois secondes des poissons rouges s’est révélé être une grosse erreur ; en 2004, des scientifiques de l’Université de Plymouth en Angleterre ont démontré qu’ils avaient une mémoire d’au moins trois mois ![1] On peut donc penser que ce mythe a été construit pour nous déculpabiliser du fait d’enfermer ces poissons dans les aquariums. Le professeur d’université Bernardi Giacomo a quant à lui découvert, vidéo à l’appui, que certains poissons sont capables d’utiliser des outils, notamment en ouvrant des coquillages à l’aide d’un rocher ![2]
Malgré ces découvertes scientifiques et les nombreuses voix qui s’élèvent pour ces animaux aquatiques, l’être humain continue à pêcher des poissons sans aucun égard envers eux. Alors qu’une simple réflexion permet de réaliser facilement que ces êtres sensibles subissent souvent une mort lente par suffocation qui engendre encore plus de souffrances que celles des animaux terrestres tués à l’abattoir. Par exemple, certains types de thons sont pêchés à la senne: il s’agit d’un filet pouvant faire 1 kilomètre de long et 100 mètres de haut. Les poissons sont entourés par le filet qui est resserré, hissé, puis vidé des poissons, qui terminent leur course dans une préparation liquide très salée à 0°C. Ceux qui ne meurent pas écrasés ou étouffés durant la remontée sont victimes de choc thermique.
D’autres poissons sont pêchés au chalut: il s’agit d’un bateau qui se déplace en traînant derrière lui un énorme filet. Tous les poissons qui entrent sont poussés par mouvement de traction en direction de son cul-de-sac. Durant des heures, ils sont compressés les uns contre les autres, s’arrachant les écailles, et leurs flancs finissent à vif. Souvent, des blessures douloureuses sont infligées par les cailloux et autres débris ramassés en même temps qu’eux. Les poissons attrapés à une certaine profondeur subissent la décompression, qui fait éclater leur vessie natatoire, sortir leurs yeux des orbites ou même l’œsophage et l’estomac par la bouche.
[1] Fish’s memories last for months, say scientists, The Telegraph, 7 janvier 2009
[2] G. Bernardi, « The use of tools by wrasses (Labridae) », Coral Reefs, vol. 31, no 1, 1er mars 2012, p. 39–39