« La question n’est pas : Peuvent-ils raisonner ? Ni : Peuvent-ils parler ? mais : Peuvent-ils souffrir ? » Jeremy Bentham (1748-1832), philosophe
Depuis Darwin, tous les scientifiques disent qu’il y a une ressemblance entre humains et animaux. Nous ressentons des émotions, avons des préférences, des désirs, des intérêts, recherchons le bien-être, évitons la souffrance et sommes dotés d’une vie mentale. Tous les êtres sentients font une expérience subjective de leur vie et ont un intérêt à vivre la vie la plus longue et la plus heureuse possible. Et il est facile de réaliser que cette ressemblance entre humains et animaux doit engendrer un traitement moral analogue. Tuer un humain est le crime le plus grave qu’on puisse commettre et pour lequel on fait des dizaines d’années de prison. Mais si l’on considère que tuer un humain est un crime grave, alors on doit aussi considérer que tuer d’autres animaux ressentant également des émotions est aussi quelque chose de problématique. Mais tuer un singe, un cerf, un agneau ou un cochon est encore totalement légal et les animaux sont même considérés comme une simple propriété au niveau juridique. On voit que, malgré l’avancée de la science qui a fait évoluer sa considération de l’animal du statut de simple machine à un statut de sujet ressentant des émotions, la société continue à considérer les animaux comme une simple ressource.
Ceci s’explique par le fait que l’existence de pratiques utilisant des animaux a engendré une idéologie qui les justifie afin que les personnes qui y participent puissent ne pas ressentir de culpabilité et pour que ces pratiques paraissent légitimes. En effet, de nombreux philosophes ont analysé notre rapport aux animaux et ont rapporté que celui-ci est basé sur le spécisme. Selon beaucoup de penseurs tels que Tom Regan, Peter Singer, Steve Sapontzis, Martha Nussbaum ou Gary Francione, le spécisme désigne, par analogie au racisme et au sexisme, l’idéologie qui considère que la vie et les intérêts des animaux peuvent être négligés simplement parce qu’ils sont d’une autre espèce. Ces philosophes arrivent à la conclusion que cette idéologie est intenable, car les humains ne sont pas les seuls à ressentir des émotions et qu’il faut également prendre en considération la vie et les intérêts des animaux. Ils considèrent que tous les êtres sentients sont égaux face au ressenti de la souffrance et que tous veulent l’éviter et vivre une vie heureuse dépourvue de violence. Et même si on considère qu’une vie animale n’a pas la même valeur qu’une vie humaine, elle garde tout de même une certaine importance et doit donc être protégée. L’idéologie spéciste permet de faire accepter que l’on fasse subir à un animal, ce que l’on ne voudrait pas qu’on nous fasse, simplement parce qu’il est d’une autre espèce. Avec pour conséquences l’emprisonnement, la souffrance et la mort d’êtres sentients dont le seul crime est de ne pas être né sous forme humaine.